L’eau, symbole de la puissance, dans tous ses états

calenda.org

This article has been shared by iris with wallabag.

18-19 octobre 2023

Le Rapport mondial des Nations Unies sur « la mise en valeur des ressources en eau 2021 : la valeur de l’eau ; faits et chiffres », tire la sonnette d’alarme sur les risques majeurs qu’encourent les sociétés du globe de plus en plus menacées par les pénuries et les conflits liés à l’eau, certes à des différences près entre pays. Il est noté que 700 millions de personnes à l’échelle mondiale, n’ont pas accès à une eau saine en 2016. Il est aussi rappelé que l’eau douce ne représente que 2,5 % - dont juste 0,7 % accessible à l’heure actuelle aux sociétés d’Hommes – ceci des 70 % de ressources hydriques qui composent notre planète-. Les géographies arides sont occupées par 85 % de la population mondiale. Les pays sub-sahariens et nord-africains sont des plus concernés, à dire que le Maroc compte parmi les pays qui seront touchés par la détresse hydrique dans les 25 années à venir -80 % de perte des ressources hydriques et un horizon de stress vers 2040-. Mais le monde ne peut réfléchir ces risques et les solutionner que dans un mouvement double de diagnostic analytique et d’actions, notamment dans une démarche scientifique analytique holistique et inclusive des parties prenantes directement concernées. Tout discours scientifique qui aborderait cette question ne peut qu’être multidisciplinaire, interpellant vitalement et pertinemment les sciences sociales. En effet, la question des ressources hydriques interpelle l’ensemble des acteurs dont ceux scientifiques, alors que des questions et des défis se posent de plus en plus et à l’échelle mondiale. Des inquiétudes s’expriment et sous la métaphore de « l’or bleu », qui prendrait la relève des tensions non encore résolues de « l’or noir », ressources pétrolières longtemps agent déstabilisateur du monde, parlent de conflits politiques y afférents en cours (Moyen-Orient, USA/Mexique et Canada, Europe/rance et Espagne, Afrique...), et d’autres qui guettent.

Il est certain que l’histoire la plus reculée dans le temps du vivant humain révèle des guerres sanguines qui avaient pour facteurs déclencheurs prioritairement la denrée hydrique raréfiée ou abondante prisée, une source de vie, des économies et de la stabilité sociale et politique. Une histoire à revisiter afin de mieux comprendre des guerres qui sévissent et d’autres qui pointent de nos jours dans des horizons plutôt inquiétants. Des conflits qui à notre époque sont susceptibles d’être aggravés par les menaces écologiques déjà structurelles (en 2025, 25 pays africains devraient souffrir de pénurie ou de stress hydrique selon l’ONU). Aussi, les guerres de l’eau ont toujours et depuis les temps enfouis, participé à l’établissement des frontières ou du moins à leurs instabilités. Elles demeurent des menaces réelles au regard des enjeux géopolitiques actuels articulés aux choix des modes économiques mais aussi des stabilités internes des Etats qui souffrent et de périodicité de sécheresses et des disparités territoriales quant à l’accessibilité équitable à l’eau douce et la satisfaction des besoins vitaux humains et économiques qui en dépendent. Il faut rappeler que cette consommation et à l’échelle mondiale a augmenté d’environ 1 % par an entre 1987 et 2015.

Les géographies humaines mondiales se transforment sous les effets multiples des changements climatiques et ne se situent plus en un « Nord » et un « Sud », il suffît de voir se dessiner les mobilités de l’exil climatique, qui pose des situations d’urgence dues tantôt aux incendies et tantôt aux sécheresses ou inondations.

Ce faisant, une multitude de questions sont formulables et attendent compréhension, débat et réponses ou solutions : Sommes-nous réellement avec le démantèlement de l’image et de l’idée qui établissent que l’eau est et restera un patrimoine intégral et intouchable de l’humanité ? Quelles leçons de l’histoire tirer des guerres déclarées et effectives au nom du bien-eau ou celles sourdines, en termes de réalités sou jacentes de déficit de paix et de retard de développement ? Quel legs en matière des approches ethno-technologiques efficaces de gouvernance du patrimoine hydraulique et dans quelles perspectives d’innovation et d’adaptabilité pour les sociétés contemporaines tout aussi soucieuses de la préservation écologique ? Quelles alternatives de gouvernance pertinentes face à la raréfaction ou l’épuisement des réserves d’eau : une marchandisation ou commercialisation, des innovations technologiques, des juridictions et des partenariats diplomatiques, des politiques conventionnelles mondiales… ? Comment procéder au niveau national et à l’échelle internationale –droit international, accords partenariaux institutions de contrôle…), pour mettre en place des cadres juridiques et des solutions pratiques de protection des ressources en eau et des installations relatives à l’eau lors des conflits menaçants et notamment aux questions des exilés·es climatiques ? Comment démocratiser l’accès à l’information (surveillance du cycle de l’eau par mission spatiale…) et partager les responsabilités du réchauffement de la planète qui menacent en premier les ressources hydriques ? Quelles modalités effectives de l’application du droit à l’eau reconnu depuis novembre 2002 comme l’un des droits humains fondamentaux (Pacte relatif aux droits économiques et culturels), lié entre autres au développement et constituant un de ses indicateurs majeurs, toute considération faite de l’essor démographique, paramètre qui reste incontournable et qui pose le défi des besoins augmentant ? Ce qui est certain et qui se pose de prime abord est que le partage de l’eau à l’échelle planétaire déterminera et au-delà des révolutions des hautes technologies du digital et autres, la vie sur terre dans la paix et la viabilité écologique (40 % de la population mondiale se situe dans des aires géopolitiques se constituant de 250 bassins fluviaux transfrontaliers).

Les perspectives en matière d’eau douce ne sont pas réjouissantes puisque, de l’avis général, sa raréfaction semble inéluctable. Or, un pays qui manque d’eau est un pays qui ne peut ni nourrir sa population, ni se développer. D’ailleurs, la consommation en eau par habitant est désormais considérée comme un indicateur du développement économique d’un pays. Selon une étude des Nations Unies, l’eau pourrait même devenir, d’ici à 50 ans, un bien plus précieux que le pétrole. C’est dire toute l’importance de cette ressource que d’aucuns appellent déjà « l’or bleu ». Avoir accès à l’eau est donc devenu un enjeu économique puissant à l’échelle planétaire qui pourrait devenir, dans le siècle à venir, l’une des premières causes de tensions internationales.

Il est vrai que « plus de 40 % de la population mondiale est établie dans les 250 bassins fluviaux transfrontaliers du globe. Autrement dit, toutes ces populations se trouvent dans l’obligation de partager leurs ressources en eau avec les habitants d’un pays voisin ». Or, cette situation peut générer des conflits récurrents. Lorsqu’un cours d’eau traverse une frontière, l’eau devient un véritable instrument de pouvoir aux mains du pays situé en amont. Aujourd’hui encore, nombreux sont les contentieux liés à l’eau à travers le monde. « Avec l’essor démographique et l’accroissement des besoins, ces tensions pourraient se multiplier à l’avenir. C’est ce que prédisent certains experts pour le XXIe siècle. D’autres en revanche pensent que la gestion commune de l’eau peut être un facteur de pacification » (CNRS).

Ce colloque international multidisciplinaire, co-organisé par l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, Rabat et Universiapolis-Université Internationale d’Agadir les 18-19 octobre 2023, vise à explorer et apporter un regard éclairant sur les défis liés à l’eau partout dans le monde.

Quatre axes cibles pour ce colloque se déclinent comme suit :

D’autres questions, réunies dans les axes suivants, pourront être abordées sous les axes suivants :

Les textes retenus feront l’objet d’une publication dans une grande maison d’édition européenne référencée dans Cairn.

Les propositions de communication doivent être envoyées à l’adresse : cie2023@universiapolis.ma

Merci d’envoyer les propositions en format Word avant le 18 août 2023

La langue de travail du colloque sera le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe.

Les propositions de communication comporteront :

Les frais d’inscription et de participation seront à régler sur place ou par virement bancaire

• 60 euros (1000 dh) pour les doctorants

• 80 euros (1200 dh) pour les enseignants chercheurs et autres